L’intelligence territoriale 25 ans déjà !
L’intelligence territoriale est le projet scientifique « polydisciplinaire » dont l’objet est le développement durable des territoires et dont les communautés territoriales sont les sujets. Elle se fonde sur une vision systémique du territoire, intégrant un espace géographique, une communauté, ses représentations et ses comportements. Elle accorde une importance à l’échelle locale dans une logique interscalaire, du local au global. C’est une intelligence collective qui se fonde, d’une part sur l’interaction entre chaque être humain et son environnement et, d’autre part, sur les relations entre les personnes. Elle bénéficie aujourd’hui du puissant artefact des technologies de l’information. Elle influence la gouvernance et les comportements de chaque individu, des organismes et des collectivités. La gouvernance territoriale peut élargir ou restreindre son expression, la participation de tous, l’équilibre entre la collaboration ou la compétition; un accès équitable et durable au ressources; le bien être et l’empowerment de chacun et de tous. Outil de la gouvernance, l’observation doit permettre, à l’aide des technologies de partage des informations et des connaissances, un accès égal et durable à l’information et à la co-constrution de la résilience et du développement durable des territoires.
Cette définition a été approuvée par le comité scientifique du réseau international d’intelligence territoriale lors de sa XIIe conférence internationale annuelle, en 2012, à La Plata.
L’histoire de l’intelligence territoriale a débuté avec la méthode d’évaluation et d’observation territoriale Catalyse qui a établi dès 1989 les principes fondamentaux de l’intelligence territoriale :
- primauté des besoins exprimés par les personnes,
- participation de la communauté territoriale, concertation et coopération des acteurs et
- instrumentation scientifique proposant des outils accessibles aux acteurs pour évaluer leurs projet et observer le territoire.
Dès 1990, Catalyse initialement conçue dans le département de Doubs se diffuse en Europe en évaluant des initiatives locales avec les acteurs et l’université la plus proche du territoire concerné. Un réseau d’acteurs et de chercheurs travaillant sur le développement local durable se constitue ainsi.
En 1998, le concept d’intelligence territoriale propose un projet de recherche-action ajoutant explicitement la dimension multidisciplinaire de la recherche sur les territoires, indispensable au développement durable, et sur l’intelligence collective à la multi-sectorialité qui fonde l’approche intégrée du territoire de Catalyse. Ce projet aboutira à la reconnaissance d’une action de coordination scientifique européenne, qui va faire progresser les outils d’intelligence territoriale mais qui va également ouvrir les recherches sur la gouvernance territoriale participative et sur l’observation territoriale d’échelle locale.
L’élargissement constant du réseau avec de nouvelles équipes de recherche et initiatives locales, va dans le sens de l’internationalisation, surtout après l’adhésion du réseau latino américain « territorios posibles ». Forts de l’évolution de notre réflexion acquise à la fois en candidatant à des projets de recherche européens de large échelle répondant aux défis sociétaux majeurs, en organisant plusieurs manifestations scientifiques par an, et en travaillant quotidiennement en lien avec les initiatives locales, le réseau a candidaté avec succès à une action de coordination scientifique internationale « International Network of Territorial Intelligence ». INTI actualise constamment son programme de recherche concerté et présente des apports nouveaux. Il s’intéresse à un ensemble de concepts récents qui s’inscrivent dans le paradigme du développement durable. L’intelligence territoriale cherche la convergence de ses apports au sein d’un nouveau modèle de développement fondé sur les comportements humains, à la recherche du bien être de chacun et de tous. Il s’agit de permettre à chaque communauté territoriale d’orienter sa voie vers le développement durable en combinant concrètement cohésion sociale, protection de l’environnement, respect des diversités culturelles et efficience économique.
Houda Neffati og Jean Jacques Girardot
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